Sous la peau, l’écorce est un court métrage d’animation qui raconte l’histoire d’un personnage de fiction qui tente de comprendre son rôle. Plongé au cœur d’une forêt faite de faux semblants dont il semble être l’objet de moqueries, il décide de rencontrer son créateur, un artiste reclus dans son atelier.

Si le film aborde les doutes que peuvent engendrer la création artistique, il s’interroge surtout sur la pertinence du rôle qu’on nous attribue et que l’on s’attribue soit même. Abandonné par son créateur qui a disparu, le personnage principal réalise qu’il est le fruit d’une hésitation artistique qui ne convient à personne. Création mal aimée d’un imaginaire en panne, le chasseur un peu « nunuche » se révèle être moins sot qu’il en a l’air.

Profitant du confinement imposé en mai 2020, j’ai appréhendé la fabrication de Sous la peau, l’écorce comme un exercice artistique solitaire. Très inspiré par l’univers musical de Dale Cooper quartet & the microphones, dont j’ai intégré deux morceaux au projet, j’ai réalisé le film entièrement seul en une dizaine de mois. En totale autonomie, et affranchi de toute validation extérieure préalable, j’ai bouleversé ma méthode de travail habituelle pour écrire un film directement à l’image. Sans scénario ni storyboard pour me guider, je me suis offert un luxe rare, celui du droit à l’erreur et au retour en arrière, refaisant plusieurs fois les décors, modifiant sans cesse la marionnette du créateur tandis qu’au fur et à mesure de la production du film, ce personnage s’effaçait au profit de sa création. Le chasseur est devenu le personnage central du récit tandis que la figure de l’artiste en panne d’inspiration s’est figée dans son écorce vide. Ce personnage en quête d’identité, que je suivais image après image, a fini par m’imposer la reprise en main de son propre destin.

La production de ce film est une expérience forte, un lâcher-prise avec les contingences habituelles de la production. Ce fût également un moyen pour moi de transcender le confinement en une aventure féconde et heureuse.

Franck Dion